Ça devait être des vacances...
Je me suis retrouvée dans le train, cinq minutes après le départ, à vouloir chercher mon billet pour le montrer au contrôleur.
C'est là que l'horreur a véritablement commencé. Jusqu'à cet instant, j'étais aux anges. Je partais à Genève, passer une semaine de vacances et de "retraite" en solitaire, pour me retrouver, écrire, lire, et vivre réellement dans le présent.
Emilie me laissait son appartement, sa rue tranquille, et son chat à nourrir. Un peu moins tranquille, lui ! J'avais emporté mon ordinateur portable, mes livres indispensables, et mon manuscrit arrêté à la page 104. Je me réjouissais infiniment de ce séjour.
Et puis... dans le train, cinq minutes après le départ, indignation suprême ! On - quelqu'un, une crapule, un salopard - venait de me voler mon porte-monnaie, que j'avais rangé dans mon sac à dos. Cela s'était passé sur le quai, ou dans l'escalier qui y mène, pendant que je tirais ma lourde valise, dans la cohue d'un samedi soir sur la terre des hommes...
Et là, hébétée, sur mon siège, je regardais mon sac dont la fermeture éclair était restée ouverte, après le vol...
Vous me direz que j'ai manqué de prudence, j'en conviens. Je suis d'un naturel confiant, et j'ai toujours envie de laisser à l'autre la chance de ne pas me décevoir. Mauvais principe, je vais en changer !
Et donc, pour revenir à ce porte-monnaie volé, il contenait TOUT ! Mon ticket de transport, déjà. Mon argent pour la semaine, mes cartes bancaires, mon abonnement demi-tarif de train, les cartes fidélité des magasins où je fais mes courses, ma carte d'assurance maladie, ma carte du TCS pour les pannes sur la route, ma carte de bibliothèque, ma carte d'AVS... et la photo d'Eloïse. Tout mon bien matériel. Toutes mes portes ouvertes sur le monde. Qui se refermaient d'un coup ! J'étais volée, je n'avais plus de moyens. Je me sentais violée dans mes possessions basiques.
Il m'a fallu plusieurs minutes pour reprendre conscience, pour retrouver mes esprits. J'étais choquée, scandalisée, meurtrie. J'avais beau me dire que ce n'était que du matériel, j'avais mal. Revenue dans le réel et l'urgence de réagir, j'ai donc appelé Nicolas pour le prévenir que je descendais à la prochaine gare. Il pouvait venir m'y chercher et nous aviserions des démarches à entreprendre, blocage des cartes, argent à retirer pour ma semaine, tout de même...
Il a été magnifique, et réconfortant. Nous avons tout réglé à la "prochaine gare", et vingt minutes plus tard, je sautais dans le prochain train pour Genève, avec de quoi vivre pour la semaine, mais dans une totale perte d'enthousiasme et de confiance. Je repassais en boucle, les minutes entre la prise de mon billet de train à l'automate, et la découverte du vol. Quelques minutes, en fait. Et je n'ai rien senti, rien remarqué. Du vrai professionnalisme de crapule ! Là, maintenant, du haut de ma colère encore bien nourrie, je voudrais tuer celui qui m'a fait ça.
Ça devait être des vacances... Ça en sera peut-être. Mais elles n'auront jamais le goût de celles que j'avais imaginées.
Je vous souhaite un beau dimanche, parce que la vie est belle, tout de même.