Il est des rencontres totalement dues au Hasard... Avant-hier encore, je ne connaissais pas Diogène. Oh ! bien sûr, son nom ne m'était pas totalement étranger, mais j'aurais été bien incapable de réciter son curriculum vite et bien !

Dans l'enchaînement de cette découverte, issue d'un jeu de syllabes tombé entre mes mots - Denis sait de quoi il s'agit... - j'ai souhaité apprivoiser ce Diogène qui s'était glissé dans mes lignes, bien malgré moi. Alors, comme Wikipédia est une source rapide et efficace d'un peu tous les savoirs, j'ai cliqué... Et je suis tombée sur ce tableau de Gérôme. Une révélation ! J'aurais aimé savoir peindre de cette façon... J'aurais surtout aimé entrer dans ce décor, et me tenir là, debout, à côté de ces chiens errants, pour RENCONTRER Diogène.

Puis la journée de vendredi s'est consumée, comme un jour ordinaire. Et hier soir, au moment de choisir le thème de la Margelle pour le 2 février, jour de la Chandeleur, de la lumière, des lanternes... cette image s'est imposée à moi. Je suis donc revenue me poster devant Diogène, à côté de ces chiens. Et je lui ai demandé de me parler de lui, pour essayer de le cerner un peu mieux.

Il m'a dit :

- Je cherche un homme !

- Ah ! ça tombe bien, moi aussi, lui ai-je répondu. Et je me suis approchée un peu plus, jusqu'à presque le toucher. C'est alors qu'il m'a lancé cette "insolence" qu'il avait adressée un jour à Alexandre le Grand :

- Ôte-toi de mon soleil !

J'ai reculé d'un pas, et je l'ai regardé. Il était l'homme, dans toute sa splendeur, dans tout son dénuement volontaire, dans sa liberté sereine, dans son détachement. Il n'avait peur de rien, et surtout pas de perdre quelque chose, puisqu'il n'avait plus rien. Je l'ai envié un instant, moi qui suis encombrée de tant de possessions, de pseudo-certitudes, et de normes qui entravent mon pas.

J'aurais voulu m'asseoir avec lui dans cette jarre immense, dont il avait fait refuge provisoire, et partager son pain du jour. Je n'ai pas osé... Je me sentais trop riche, trop prétentieuse, trop "propre en ordre" comme on dit chez nous. Alors, je lui ai tendu ma main trop pleine, pour qu'il la débarrasse de ses richesses. Il a levé les yeux, puis le bras, et, saisissant le bout de mes doigts, franchissant l'écran qui séparait son rêve de ma réalité, et vice et versa, il m'a transmis son rien. Et je l'ai pris.

Ce matin, je vous le donne, comme le plus précieux des cadeaux. Ce rien qui est tout, parce qu'il est le fil ténu qui relie l'homme... à l'homme, et le fait exister.

Nota Bene : Si la curiosité vous pousse à désirer connaître davantage ce Diogène hors du temps, vous retrouverez la trame historique qui a nourri ma fable, sur cette page de Wikipédia. Vous risquez d'avoir des surprises... J'en ai eu aussi, mais j'ai fermé les yeux sur certains détails !

http://fr.wikipedia.org/wiki/Diog%C3%A8ne_de_Sinope

Je m'en suis librement inspirée pour inventer une vraie histoire de rencontre.

Bonne journée, dans vos jarres respectives !

Le puits de la Chandeleur...

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